
La fête orthodoxe de Pâques cette année vient d'être célébrée dimanche dernier.
Pâques est la plus grande fête religieuse en Grèce et la semaine sainte qui la précède est un moment très précieux dans la vie des Grecs.
En effet, plus encore que la naissance de Jésus, pour les orthodoxes, les souffrances que celui-ci a dû subir pour le salut de l'humanité durant les derniers jours de sa vie, la Crucifixion et la Résurrection, sont d'un symbolisme et d'une importance capitales.
Il faut dire que durant les 400 ans de l'occupation turque, les Grecs ont pu conserver leur identité grâce à la pratique de leur religion.
Ainsi la tradition veut tout d'abord que les orthodoxes suivent un carême de 40 jours avant Pâques: pas de viande ni toute nourriture contenant du sang, pas d'œufs ni de produits laitiers. De nos jours la plupart ne jeûnent que pendant la Semaine sainte.
Le Jeudi saint, on teint des œufs en rouge, couleur qui symbolise le sang du Christ.
Le Vendredi saint tout le monde, tenant une bougie allumée, suit "l'Épitaphe", c'est-à-dire le cercueil du Christ orné de fleurs blanches que chaque église prépare avec soin et qui fait le tour de chaque paroisse symbolisant l'enterrement du Christ.
Le Samedi saint au soir, on assiste à la messe de l’église. Quelques minutes avant minuit, la flamme sacrée se propage dans toute l'assemblée des fidèles de bougie à bougie. Par la suite le prêtre sort de l’église et à minuit il chante « Christos Anesti », qui veut dire: le Christ est ressuscité.
À l'annonce de la Résurrection, l'émotion est grande, les cloches sonnent, tout le monde s'embrasse et reprend en chœur les paroles suivantes: "Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, il a vaincu la mort et aux morts il a donné la vie".
Des feux d'artifices et des pétards partent dans tous les sens.
Après la cérémonie, une fois rentré à la maison, on mange la soupe traditionnelle "Mayiritsa", préparée à base d’abats d’agneau et de laitue. Chacun choisit un œuf rouge et toque son œuf contre celui de l’autre. Le gagnant est celui qui parvient à garder son œuf intact, signe de chance.
Le dimanche de Pâques, on rôtit l'agneau, dans les maisons on dresse la table en famille et invite des amis, dans les restos on se rassemble en grands groupes, on mange en abondance, on boit du vin et on danse les danses grecques traditionnelles afin de fêter la Résurrection et la fin du Jeûne.
Dans le cadre général de la tradition, chaque région de Grèce a adopté ses propres coutumes.
Ainsi Paros célèbre Pâques à sa manière.
Les festivités et les rituels sont nombreux sur l'île mais pour moi, trois choses font vraiment l'originalité de Paros, offrant ainsi une expérience unique aux visiteurs.
Tout d'abord c'est surtout une coutume qui date de 1924: le soir du vendredi saint, dans les rues des trois villages Marpissa, Marmara et Prodromos, les jeunes et les enfants, vêtus de vêtements d'époque et faisant preuve de beaucoup de zèle, forment 12 remarquables tableaux vivants représentant les scènes les plus importantes de la vie de Jésus jusqu'à sa Résurrection.
Ces tableaux vivants sont placés à divers points le long de la route de l'Épitaphe sorti pour la litanie traditionnelle autour du village.
Ensuite, deuxième chose à mon avis très particulière à Paros, c'est l'ambiance vraiment solennelle de la messe du soir du Samedi saint dans la très ancienne et très belle église de la Sainte Vierge nommée "Ekantontapiliani"qui se trouve dans la capitale Parikia. Il s'agit du plus grand sanctuaire paléochrétien des Cyclades et le troisième plus grand de Grèce. Sa fondation remonte au 4ème siècle.
Enfin, le jour de Pâques c'est la fête folle que font toute la journée tous ceux qui s'installent pour manger dans les restos du petit port de pêche de Naoussa mais aussi, c'est que ce qu'on appelle la Deuxième Résurrection l'après-midi du même jour dans les ruelles du village. Tous les villageois se rassemblent sur la place centrale de Naoussa pour lancer une avalanche de pétards multicolores avant de laisser passer l'icône de la Sainte vierge sortie pour faire le tour du village, lors de la messe, dite, de l'Amour.
Tout cela vaut vraiment la peine d'être vu et vécu, croyez-moi!
"Kai tou chronou" comme on dit en grec, ce qui signifie : à l'année prochaine!